Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La plupart de nos grands blessés me firent des déclarations verbales, mais quelques-uns d’entre eux tinrent à me donner des relations écrites. Je viens d’en retrouver une que je vous envoie : elle est éloquente dans sa simplicité ; la terminaison ne prête à aucune équivoque.

Il est temps que la légende du Turc massacreur prenne fin, en même temps que celle de l’Arménien, victime innocente. Mais, hélas ! détruira-t-on jamais les légendes ?

Je vous adresse, commandant, etc…

Signé : GUÉGAN,
Directeur de la Santé de Tunisie.


Je transcris, en respectant les fautes d’orthographe, la touchante lettre au crayon communiquée par M. le docteur Guégan :


« Ayant été blessé pour la quatrième fois, sur les huit heures du soir je suis tombé sur le coup et ai attendu quelques moments que la fusillade ait ralenti pour remuer. Je me suis trainé ensuite sur les coudes pendant environ 50 mètres et là j’ai rencontré une petite tranchée où je me suis laissé tomber dedans. Là un peu à l’abrit des balles et des obus, j’y ai passé la nuit du 2 au 3 mai sous les balles et les obus qui faisaient