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Lettre du docteur Leremboure.
Commandant,

J’ai été trois ans chirurgien de l’armée d’Orient et j’ai eu partout en Macédoine à donner mes soins à la population civile. J’en rapporte cette conviction : les Turcs sont en Orient le peuple le plus « près de nous ». J’ai pu chez eux pénétrer dans tous les milieux ; c’est partout la même dignité, la même honnêteté, la même affabilité pour nous Français. Et, chose rare, c’est partout de leur part la même persistante reconnaissance pour le moindre service rendu, — reconnaissance souvent traduite par des traits d’une délicatesse charmante. En dehors d’eux, que l’on cherche donc en Orient d’analogues sentiments, la récolte sera maigre ! En Macédoine, dans le moindre village on regrette la domination turque et, quand par hasard on rencontre des Grecs honnêtes, ils disent la même chose.

Vous êtes le grand ami des Turcs parce que vous les connaissez. Nombre de Français ont enfin appris à les connaître aussi à présent ; mais ils connaissent aussi les Grecs et il n’est pas un poilu de l’armée d’Orient ayant campé