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du grand médecin français de Constantinople du temps d’Abd-ul-Hamid, et qui a passé la plus grande partie de sa vie en Turquie, surtout dans le palais, en compagnie des princesses impériales :

« C’était sous le règne d’Abd-ul-Hamid, nous étions au courant de tout ce qui se passait et se disait à Yeldiz.

» Un évêque arménien, réputé comme agent provocateur salarié, allait et venait entre Van et Constantinople ; on avait remarqué qu’une certaine effervescence régnait en Arménie depuis que ce cher « Despote » (comme disent les Arméniens) se livrait à ces randonnées. Mais vous connaissez les Turcs de ce temps-là, bons, généreux ; aucune mesquinerie, aucune petitesse d’esprit, mais par contre beaucoup de négligence, de lenteur ; bref, l’éternel Bakaloum (Nous verrons !)

» Cependant un jour on a découvert le pot aux roses. Le « despote » était payé par les Anglais pour susciter une vraie révolte, dont on « parlerait en Europe »… et voici que les Arméniens s’étaient mis tout à coup à égorger des enfants musulmans et, détail absolument exact, ils étalaient sur des tables, comme devant une boucherie, et offraient à vendre des morceaux