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sourdine au tollé d’insultes qui monte de partout contre cette Turquie agonisante. C’est pourtant si peu chevaleresque, si peu français quand il s’agit de vaincus aux abois ! Oh ! je le sais bien, ceux qui les injurient sont des hommes, qui n’ont jamais mis le pied en Orient, des hommes que de vieux préjugés aveuglent et qui, de bonne foi, je n’en doute pas, se laissent encore monter la tête par les agents d’une propagande enragée. Le plus souvent aussi, le nom de ces insulteurs se termine par cette diphtongue : ian qui à elle seule dénonce l’Arménie nasillarde et geignarde ; ce sont de purs Arméniens, et alors, que prou vent leurs dires intéressés ? Mais quand même, cela porte sur les masses, qui n’ont ni le temps ni la ferme volonté de se documenter davantage.

J’ai entre les mains d’écrasants dossiers, contrôlés, signés et contresignés, sur les agents provocateurs[1] de massacres et sur les agissements des Arméniens, en Asie, au début de la

  1. On sait qu’à Constantinople notre général Franchet d’Espérey vient de traduire en conseil de guerre le général allemand Liman von Sanders pour avoir été l’homme qui a ordonné les derniers massacres d’Arméniens. On sait aussi, et des Arméniens le disent eux-mêmes, que plusieurs Turcs ont risqué leur situation et leur vie pour essayer d’arrêter ces crimes.