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la poignée de main était éloquente et d’une cordialité qu’on ne rencontrait pas à Péra ; à Péra ce n’est, comme toujours, que le vol, la luxure et la saleté exposées dans les rues.

Les Grecs vantent leurs victoires imaginaires, oubliant qu’ils nous ont tiré dans le dos en 1915, 16, 17, qu’ils n’ont jamais pu mobiliser et que leur action en septembre 1918 a été presque nulle ; ils revendiquent dans leurs églises transformées en salles publiques des conquêtes qu’ils ne doivent qu’à leur esprit d’intrigue. On est étonné d’entendre dans ces sanctuaires de paix vociférer des cris de haine et de vengeance, et on regrette d’avoir quitté les doux endroits de repos à l’ombre des mosquées de Suleimanié ou de Sultan Selim.

Je n’ai jamais autant regretté qu’aujourd’hui mon absence de talent et la médiocrité de ma situation, car j’aurais été heureux de pouvoir continuer l’œuvre restée inconnue que j’ai commencée là-bas et qui n’aura pas été tout à fait inutile, je l’espère.

Si les Arméniens me détestaient, je crois avoir conservé quelques sympathies parmi les Turcs, et, quoique catholique, j’éprouve pour les chrétiens de Constantinople, Grecs et Armé-