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les fenêtres et sur nombre d’églises. On voit des gravures représentant Sainte-Sophie sans minarets et pavoisée de drapeaux grecs. Les Grecs s’imaginent-ils qu’ils ont conquis Constantinople ? Ils ne comprendront jamais que s’ils promènent ici librement leurs uniformes, c’est grâce aux cinq années de torture infligées à la France. Sait-on en France qu’aucun des officiers grecs qui se pavanent ici grâce à notre victoire ne nous salue dans les rues, où ils se livrent aux manifestations les plus impudentes, et, comme remerciement, ils nous appellent « ces niais de Français ».

On voit plus incroyable encore ici : des drapeaux de nations qui n’existent pas encore : le drapeau arménien et le drapeau juif ! Oui, les Turcs sont tolérants et patients !

Et nous nous compromettons avec les Grecs comme il n’est pas permis. Ne savons-nous pas que, s’ils étaient les maîtres ici, leur xénophobie nous mettrait immédiatement à la porte et que c’en serait fait de la langue française et de notre influence ?

Quand saura-t-on en France ce que vaut un Levantin ? On dit ici qu’il faut cinq Juifs pour rouler un Arménien. En effet le pauvre Juif, honni des Français, ne vient qu’en troisième