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Constantinople, 10 mai 1919.
Commandant,

De tout cœur je m’ajoute à la liste des nombreux officiers de l’armée d’Orient auxquels vous faites allusion dans vos pages généreuses. Vous dites ce que nous pensons tous, et puissent vos paroles détruire l’effet des articles qu’acceptent trop facilement certains journaux de Paris.

C’est notre ferme espoir que les quelques milliers d’entre nous qui sont rentrés en France finiront par faire entendre leur voix. Mais pourront-ils jamais redresser l’erreur d’appréciation monumentale que nous commettons à l’égard de tout ce qui est grec ou levantin ? Quelle funeste erreur que notre sympathie aveugle — à la Denys Cochin, comme on dit ici — pour les Grecs, que nous voulons rattacher aux Grecs antiques, alors que c’est un tout autre peuple, un peuple de mercantis, dont les dirigeants sont xénophobes.

Faut-il que les Turcs soient tolérants et patients pour laisser, avant la signature de la paix, les Grecs et les Arméniens (qui sont encore sujets ottomans, j’imagine) faire flotter leurs drapeaux ! On voit le drapeau grec à toutes