Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dèles, déclara-t-il, est un péché ; observer ce traité, un péché plus grand encore. »

Nous avons traité avec les Turcs, en leur imposant et en nous imposant à nous-mêmes la convention d’armistice du 31 octobre 1918. Il nous a été loisible d’en rédiger les vingt-cinq articles avec précaution et même avec sévérité, mais, une fois signés, ces articles ont limité les droits des vainqueurs aussi bien que les obligations des vaincus. Or, nous avons abusé de nos droits, non seulement en prolongeant, depuis plus de quatorze mois, en Turquie, les effets anarchiques d’une convention, par définition provisoire, mais encore en faisant occuper la ville de Smyrne, sans motif et sans provocation, par les Grecs, les plus injurieux ennemis des Ottomans. Ces abus ont provoqué le réveil du nationalisme turc, ou, pour parler plus exactement, la formation d’un nationalisme turc.

Aujourd’hui, il est question de faire pis encore. M. Lloyd George veut réaliser un projet dont plusieurs de ses collaborateurs les plus avertis lui ont pourtant montré les dangers : celui d’expulser le gouvernement ottoman de Constantinople et de s’emparer de cette capitale que Napoléon appelait « la clef du monde ». Une telle spoliation serait une grave imprudence politique, un malheur, une