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par l’arrivée subite, en ce dimanche, 12 janvier, du commandant français C…, alors gouverneur du sandjak, et d’une poignée de mes braves tirailleurs dont les deux mitrailleuses et les tromblons V. B. ont vivement impressionné les uns et les autres. J’avais personnellement accompagné mes tirailleurs, et j’ai vu et soigné, dès mon arrivée à Durtyol, c’est-à-dire deux heures après sa blessure, le lieutenant turc. Ce sont des gradés arméniens de la Légion d’Orient qui m’ont raconté tous ces détails ; eux-mêmes rendaient hommage à ce Turc qui avait exposé sa vie pour les protéger.

Je tiens donc à insister en France sur cette idée que les vrais Turcs sont, à l’heure actuelle, autrement nobles que tous ceux qui se disent, en Orient, disciples de Jésus le Nazaréen. Il faudrait se rappeler que François Ier a possédé les plus radieuses qualités françaises et qu’il a eu l’intuition de tendre la main aux Ottomans, se rappeler que l’on ne connaît des Turcs que ce que les Levantins fourbes et vils viennent nous en dire à grand renfort de signes de croix, et s’apercevoir qu’il est grand temps de changer de manière de faire, si l’on ne veut pas commettre d’injustice envers des gens avec qui on peut s’entendre quand on est Français.