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cin auxiliaire, et j’ai parcouru avec de braves tirailleurs de Mostaganem tout le pays qui sépare l’Égypte d’Adana, eu Cilicie, sans compter un long séjour avec les troupes arabes dans le Hedjaz, à Yamboh et à Akabah. Mon impression sur l’Orient est que tous les gens qui se disent chrétiens, qu’ils soient Syriens, Grecs ou Arméniens, sont souverainement écœurants.

En décembre 1918, le capitaine M…, commandant le 9e bataillon du 2e tirailleurs algériens, était gouverneur d’Alexandrette. Malheureusement il n’avait pu empêcher l’envoi dans son sandjak de troupes arméniennes de la Légion d’Orient. Une compagnie de ces Arméniens était cantonnée dans le village de Beilan, sur le col qui mène à Antioche et à Alep. Ceux-ci commencèrent sans délai à tuer les Turcs qu’ils attrapaient : c’était fatal. Or, un matin, on apprend qu’un vieux paysan turc a été trouvé mort dans un chemin. Le capitaine M… donne alors ordre au médecin de la municipalité de Beilan de faire l’examen du cadavre et de rédiger le certificat de médecine légale nécessaire à l’enquête. Or, ce médecin était Arménien, civil, avait été désigné spécialement par l’autorité française pour s’occuper de la municipalité de Beilan et était régulièrement payé pour cela.