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horreurs » (cliché du cher paladin Ferdinand) et nous n’en avons jamais voulu démordre, alors même qu’il était prouvé par cent témoins, par cent commissions internationales, que les tortionnaires et les massacreurs étaient du côté des soi-disant chrétiens. En dernier lieu enfin c’est nous qui, avec une recrudescence d’injures à leur adresse, avons lancé l’Italie contre eux sur la Tripolitaine… Et après tout cela, nous avons la naïveté de nous indigner de ce que ces pauvres Turcs, reniés par nous et trouvant une occasion sans doute unique d’échapper à la menace séculaire d’écrasement par le colosse russe, se soient jetés dans les bras de l’Allemagne ! Qu’est-ce qu’ils nous doivent, s’il vous plaît ? Comme circonstance atténuante à leur décision de désespoir, il est de toute justice aussi de citer les imprévoyances, les maladresses sans nombre de notre diplomatie chez eux à l’heure du déchaînement de la guerre mondiale, alors que la diplomatie boche agissait au contraire avec la plus habile perfidie et la brutalité la plus impudente. Est-il nécessaire de rappeler aussi que ce comité « jeune turc », responsable de tout, ne représentait en Turquie qu’une minorité infime entièrement sous la griffe allemande, — comité qui du reste, sur ses vingt-cinq membres,