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terie d’Angoulême. Tous détestent le levantin : Grec, Juif, Arménien, etc… Seul le Turc compte pour eux. Ils disent de lui : « C’est un homme et non un mercanti. » Car le mercanti a fleuri avec plus d’éclat encore que chez nous sur les bords du Vardar et sur les rives de la Corne d’Or.

Tous les Français qui ont, comme vous, vécu avant la guerre chez les Ottomans, sont de votre avis. Tout dernièrement, en avril 1919, mon fils, officier à l’armée d’Orient, a vu Salonique et Constantinople. Il m’a confirmé tout ce que j’avais appris par mes enquêtes. Il a eu lui-même maintes fois la preuve de la sympathie que le Turc éprouve pour nous, et entre autres faits probants, il m’a cité celui-ci : Un jour qu’agacé par des enfants qui s’obstinaient à se placer devant son appareil photographique, il leur intimait l’ordre de s’écarter, un petit garçon lui a dit en pur français : « Photographiez-nous, monsieur, vous aurez ainsi le portrait de plusieurs petits Ottomans qui aiment la France. »

Notre influence séculaire, qui gêne les Britanniques, va disparaître, si le Gouvernement n’y prend garde, et nos sujets musulmans ne comprendront pas notre attitude. Leur loyalisme s’en ressentira. Pour laisser pleine liberté à l’Angleterre, nous aurons préparé la ruine de