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ceux-là et rien que ceux-là, qui, de fait ou d’intention, nous restaient fidèles depuis l’époque lointaine où notre alliance avait été signée par les deux plus grands souverains de l’Europe d’alors, François Ier et Soliman le Magnifique. Mais, hélas ! demain ils n’existeront plus et nous voici prêts à souscrire, nous aussi, à leur décret de mort, après les avoir déçus de toutes les manières, abandonnés au milieu de leurs pires détresses.

Quand l’Angleterre s’installa en Égypte, ils avaient compté sur nous pour lui rappeler sa parole donnée à toute l’Europe, qu’elle n’y resterait pas, et nous nous sommes dérobés. À la fin du siècle dernier, quand la Grèce leur a déclaré la guerre, — et s’est du reste laissé écraser en huit jours, — nous avons fait chorus avec les autres nations occidentales pour exiger d’eux la renonciation aux fruits de leur victoire. Lors de la guerre Balkanique, non seulement nous avons pris fait et cause contre eux, en exaltant les féroces Bulgares et leur immonde Ferdinand, mais nous les avons insultés à jet continu dans tous nos journaux, leur attribuant tous les crimes de leurs ennemis : « Les Turcs massacrent, répétions-nous à qui mieux mieux, les Turcs continuent de commettre les pires