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Le temps où, à Jérusalem, dans la basilique du Saint-Sépulcre, pendant la messe solennelle de Pâques, on apportait en grande pompe la communion au consul général de France d’abord, toujours à lui le premier, avant les représentants assemblés de toutes les autres nations européennes ! Le temps où nous étions chez nous au Liban et en Syrie ! Le temps où Constantinople était une ville d’influence, de sympathie et de langue françaises !… Hélas ! Hélas ! une nation, depuis des siècles rivale de la nôtre et dont nous ne pouvons qu’admirer avec effroi l’inébranlable suite d’idées, poursuit à notre détriment son plan grandiose et tenace de devenir la plus grande, la seule puissance islamique du monde, et partout elle nous supplante. Pour contre-balancer un peu son influence, — pour le moment amicale, il est vrai, — surtout pour parer au danger d’un réveil des Boches, il nous faudrait en Orient des alliés puissants et sûrs, cela tombe sous le sens. Or, ces alliés où les prendrions-nous ? Les Russes, sur lesquels nous comptions jadis ? — Mais ils viennent de faire leurs preuves. Les petits Grecs ? — Mais toutes leurs trahisons, couronnées par le guet-apens et les assassinats d’Athènes !… Ah ! les Turcs, oui,