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sur les soi-disant massacres des Arméniens ou des Chrétiens — j’aime bien ce mot « massacre » — me fait hausser les épaules.

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Le 14 juillet 1919, à l’issue de la revue des troupes françaises qui venait d’avoir lieu sur la Place des Canons, le capitaine vint au dépôt comme cela était indiqué au programme. Mes deux cents pensionnaires s’étaient tous convenablement toilettés ; ils avaient ciré leurs chaussures avec soin et la chaouiche les avait fait ranger par quatre dans le jardin. À l’arrivée du capitaine, un bref commandement en turc provoqua l’immobilité de tous. Un drapeau français dont j’avais acheté l’étoffe, la veille, au souk, et que m’avait confectionné, sans platitude aucune, Abdulatif Mohamed Mle 194, faisait claquer ses couleurs au vent à la balustrade du balcon de mon bureau.

Après un regard circulaire, le capitaine, paraissant satisfait de la tenue de tous, leur servit la petite allocution suivante : « C’est aujourd’hui le jour de la Fête nationale de la France ; je n’ai pas voulu que ce fût un jour de tristesse pour vous ; ça n’est pas votre faute si vous avez été engagés aux côtés des ennemis de la France dans cette guerre, c’est celle de votre