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17 septembre 1918, lors de l’offensive, il changerait peut-être de note. S’il avait vu, comme moi, l’enrôlement de l’armée grecque à Salonique, enrôlement fait de force, il aurait peut-être d’autres idées sur cette question.

Je me souviendrai toujours des paroles qu’un pharmacien roumain d’Uskub prononçait au lendemain de notre offensive : « Nous sommes tous de joie d’être libérés des Bulgares, mais… demain, nous aurons la domination serbe… Hélas ! la domination turque est à jamais disparue. »

Lorsqu’on a pénétré dans une mosquée et que l’on a pu comparer le recueillement des Turcs avec la conduite ignoble des orthodoxes dans leurs églises, on sent de suite qu’il existe un abîme entre ces deux peuples.

Je ne saurais trop le proclamer : nous n’avons qu’un ami dans les Balkans : le Turc.

Les Grecs nous haïssent. Les Bulgares les imitent. Quant aux Serbes, ils ne nous aiment pas et nous ne les aimons pas. J’ai suffisamment habité Belgrade pour m’en rendre compte.

Un seul peuple est capable de dominer les Balkans et d’être responsable de l’ordre en cette région : c’est le Turc. Il peuple du reste tous les villages de la Macédoine, ce qui le dispense de