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leurs qualités de cœur font tache : eux seuls pratiquent les règles de l’hospitalité, eux seuls considèrent l’étranger comme un frère et non comme un ennemi.

Et si cet étranger est un Français, il devient un dieu, car ils professent pour la France un amour profond ; ce mot de France fait image dans leur esprit, c’est un symbole de justice, de bonté, d’intelligence. Que ce soit à Salonique, à Yemdjé Vardar, à Osloff, à Uskub, chaque fois que je fus l’hôte d’une famille turque, bien que seul, sans armes, je fus traité non seulement avec courtoisie mais avec sympathie. Le muphti et le muezzin n’ont jamais manqué de me rendre visite et de m’inviter à partager leur frugal repas.

Les Grecs, les Bulgares et les autres peuples qui se partagent les Balkans, n’ont jamais cessé de détrousser les Français et de les exploiter. C’est sans doute pour ces raisons que divers journaux de France accablent les pauvres Turcs, — les Annales par exemple, où le bonhomme Chrysale qui ne les connaît même pas publiait dernièrement sur eux des jugements terribles.

Si cet écrivain avait partagé l’hospitalité turque et vu les Grecs, ces nobles descendants de Léonidas, refuser de sortir des tranchées, le