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des matelots, des soldats pour me soutenir dans ma campagne en leur faveur, — et je ne puis assez dire du reste combien je m’honore d’encouragements si spontanés, si unanimes, qui me viennent d’une telle source, la plus noble en même temps que la plus autorisée. On devine si, auprès de ces attestations magnifiques, les impertinences démentes que je reçois de quelques petits énergumènes du parti adverse, me font pitié !… Je veux terminer ce dernier plaidoyer par une adjuration solennelle à mes amis connus ou inconnus, — car, si je suis maintenant très injurié, calomnié et détesté, par contre je sais que j’ai des amis, des amis par milliers, avec qui je marche accompagné dans la vie ; à tous les coins du monde, je sens leurs sympathies ardentes et pures, tous les courriers m’en apportent les preuves souvent exquises et toujours touchantes. En général le temps me manque absolument pour répondre, mais qu’ils sachent bien, ces frères lointains, que leur pensée vient presque toujours jusqu’à mon cœur. Eh bien ! je veux ici les conjurer de me croire, je veux leur crier à tous : oui, croyez-moi, fiez-vous à ma loyauté, j’ose même dire, fiez-vous à ma clairvoyance. Si, depuis des années, je me suis fait un devoir de défendre à mort le