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tulations, fut de toujours s’unir à l’Islam, pour acquérir en Orient une influence prépondérante, y conquérir des intérêts et les défendre.

Notre rôle séculaire fut de répandre là-bas la civilisation chrétienne, grâce à l’appui de la Turquie, par nos ambassadeurs, nos voyageurs, nos missionnaires.

De cet héritage et de cette tradition, qu’a-t-on fait depuis cinq ans ? Rien.

Dès avant la guerre même, notre influence était battue en brèche par l’Allemagne, près des gouvernants ottomans, je ne dis pas près du peuple, qui, lui, est foncièrement francophile, et le sera toujours. À l’heure actuelle, nous nous laissons jouer par les Anglais et les Américains, nous écoutons leurs suggestions, nous nous laissons apitoyer par les Grecs et les Armé­niens. Or, là-bas, aux pays des cyprès et des roses, nos pires ennemis ce sont les Grecs, vils et lâches ! Est-il besoin de rappeler les massacres d’Athènes en 1916 ? — et les Arméniens ne sont que des pillards éhontés qui ruinent la Turquie ; — de temps à autre, elle se rebelle, se défend, les massacre ; ils crient, hurlent et apitoient l’Europe, parce qu’ils sont chrétiens ! Voilà la situation, voilà ce que moi là-bas, poilu de France, j’ai constaté, moi à qui tous les Turcs