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passa des armes, on poussa les Arméniens à la vengeance. On divisa pour régner et les deux buts précis réapparaissent constamment : tuer l’influence française d’abord, puis persuader le monde civilisé que le démembrement définitif de la Turquie est œuvre pie et indispensable. Pour cela, nul scrupule à faire tuer deux cents Français, des Arméniens, des Turcs, des Grecs. Qu’importe ! pourvu que l’Angleterre règne. Où sont les sauvages ? Où sont les civilisés ?

À qui ferait-on croire ici parmi les Français au courant, qu’à point nommé, au moment précis où de pareils massacres sont indispensables à la propagande anglaise, ils se soient produits en Arménie providentiellement, si j’ose dire ? Et que la nouvelle en ait été immédiatement communiquée en France, en Angleterre, partout en Europe, par l’unique voie de la presse et des fils anglais, est un fait au moins intéressant ! Or, que savons-nous à ce sujet ? 1o Nous savons que les nationalistes avaient donné les ordres les plus sévères pour qu’aucun Arménien ne soit molesté ; 2o Que les Turcs sont trop avisés pour n’avoir pas su, alors même qu’ils eussent souhaité de pareils massacres, qu’aucun moment ne pouvait être plus dangereux pour eux que le moment actuel pour