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ajouter toutefois, — contradiction et naïveté stupéfiantes, — que rien n’est plus convaincant ni plus poignant, et que le martyre de l’Arménie y est représenté avec la plus émouvante vérité !

Évidemment l’entreprise est ingénieuse, hardie et en outre (ce qui, pour des Arméniens surtout, n’est jamais à dédaigner) elle pourra devenir très lucrative. Il est certain que, chez nous comme en Amérique, nombre de gens aux âmes simples prendront ces tableaux chiqués pour des scènes cinématographiées sur le vif, et croiront que « c’est arrivé ». Mais en France la censure n’est pas supprimée pour les cinémas ; sera-t-il vraiment possible qu’elle permette cette présentation truquée et calomnieuse ?…

Les Turcs, eux, plus discrets dans leurs moyens et plus loyaux, se sont bornés à photographier des charniers de cadavres des leurs, préparés par les Arméniens ; mais au moins c’est d’après nature et par suite cela porte infiniment plus que les fantaisies artistiques de leurs adversaires. J’ai du reste moi-même communiqué à l’Illustration quelques lugubres images de ces charniers-là, qui, pour comble d’horreur, ne se composaient guère que de femmes, d’en-