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le monde. Si l’empire de Yavouz, qui a été le plus grand des sultans de l’Islam, si ses descendants sont exilés de Stamboul et si cette violence, cette persécution laisse le monde musulman indifférent, l’âme de notre prophète Mahomet n’en sera-t-elle pas angoissée et humiliée ? (Applaudissements.)

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Je crains d’avoir prolongé mon discours au point d’abuser de votre complaisance. Que faire ? Ma plume comme mon cœur s’agitent dans un déluge d’émotion. J’ai failli oublier pendant quelques minutes notre cher ami Pierre Loti, qui, lui, ne nous oublie pas un seul instant.

On m’a appelé ici pour dire au poète d’Aziyadé notre reconnaissance nationale. Mais que puis-je dire qui traduise d’une façon convenable les sentiments de gratitude de ma race devant la lutte sacrée entreprise par le héros de la plume ?

J’ai un ami, ancien officier, dont le fils a été tué dans l’un des combats des Dardanelles, sur le front de Seddul-Bahr. C’était son seul fils arrivé à l’âge d’homme. Ayant vu dans les journaux que je devais aujourd’hui prononcer quelques mots en ce lieu, il vint spécialement me trouver hier chez moi. Comme il désire que son nom ne soit pas prononcé, par respect pour son