Page:Loti - La Mort de notre chère France en Orient, 1920.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des régions si lointaines, si chaudes et qu’un paradis terrestre comme Stamboul reste ainsi en ruine. N’est-ce pas que vous nous direz cela ? »

Les Hindous étaient des gens très bien élevés et très courtois ; ils ne dirent pas une parole, ils ne firent pas un geste qui pût froisser notre amour-propre national. Je continuai et je leur dis : « Cependant je vais vous exposer les causes de cette décadence. Depuis six cents ans, nous, les Ottomans, nous montons la garde aux frontières de l’Islam contre les armées des Croisés. Le plus grand de nos sultans, Sélim Ier, qui est aussi votre Calife, a exactement dépeint cette situation par les vers suivants :

» Ce n’est pas en vain que nous entreprenons ces campagnes, que nous faisons courir nos chevaux ;

» C’est pour l’union des cœurs que nous nous exposons à cette dispersion. »

En approuvant mes paroles, nos coreligionnaires hindous ont exprimé leur reconnaissance aux musulmans ottomans, au nom de tous les autres mahométans.

Dans les vers que je viens de citer, le sultan Sélim dit que nous nous sacrifions pour la communion des cœurs, c’est-à-dire pour la communion de musulmans qui se trouvent partout dans