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un mensonge, une calomnie. Les monuments que l’on voit à Constantinople — et qui peuvent inspirer de l’envie aux plus belles capitales des pays les plus civilisés — sont l’œuvre de notre génie, de notre travail, de nos mains, tandis que les ruines sont l’œuvre des autres. Pendant que les bandes qui s’étaient formées avec une impu­dente hardiesse, sous les yeux de cette société de contrôle que nous appelons les Grandes puis­sances, les États voisins incendiaient et démolis­saient nos villes et nos villages dans les Balkans, Stamboul ne pouvait naturellement rester à l’abri des secousses et des ruines. (Je ne veux même pas faire allusion ici aux incendies allumés volon­tairement par les Grecs.) Spécialement au cours du dernier demi-siècle, on ne nous a laissé aucune occasion, aucune possibilité de travailler à la prospérité de notre capitale.

Pendant la guerre des Balkans, nos coreligion­naires des Indes avaient envoyé ici une mission du Croissant-Rouge ; je me suis entretenu avec deux de ses membres ; au cours de la conversation, j’ai dit à ces deux frères de religion : « Il y a deux ans, je passais par votre pays et j’étais émerveillé de la prospérité que je voyais à votre Bombay. Vous nous direz maintenant : comment se fait-il que l’on puisse embellir, faire prospérer