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de victoires, jusqu’aux horizons les plus reculés, ses innombrables enfants, reposent dans son sol, qui les reçoit sans cesse depuis cinq cents ans. Ce sont leurs membres épars qui donnent la sève vitale à la verdure paradisiaque que vous voyez de toutes parts. Ce sont les femmes turques à la figure angélique, au caractère angélique, que nous avons enterrées dans le sol de Stamboul, qui donnent aux arbres et aux fleurs de cette ville l’éclat de leur épanouissement et la puissance de leur développement. Le dôme de la Suleimanié, le minaret de Yéni-Djami, le kiosque de Bagdad, les innombrables chefs-d’œuvre de l’art que l’on y rencontre à chaque pas, nous appartiennent tous. Tout cela, bien plus qu’une tombe, oubliée aujourd’hui dans un coin de l’île de Jersey, crée un titre de propriété à une mère… à la mère chérie qu’est la Patrie.

Ô vous, victimes héroïques de Tchataldja et des Dardanelles, vos droits historiques sont imprescriptibles ! (Ici les hommes et les dames ont acclamé à plusieurs reprises, avec des applaudissements enthousiastes, notre grand maître.)

On nous dit : « Vous n’êtes pas dignes de Constantinople, car vous n’avez pu assurer la prospérité de cette belle ville. » Devant ce que l’on peut constater, cette affirmation tombe comme