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nouille sur cette pierre et la baise. Essayez donc de l’en arracher. Montrez-lui la France, oui, la France elle-même ! Que lui importe à cette mère ! Dites-lui : « Ce n’est pas ici qu’est votre pays » ; elle ne vous croira pas. Dites-lui : « Ce n’est pas ici que vous êtes née » ; elle vous répondra : « C’est ici que mon fils est mort ». Et vous vous tairez devant cette réponse, car la patrie d’une mère, c’est le tombeau de son enfant. »

Victor Hugo décerne ainsi un éminent titre de propriété du sol, à cause de l’unique tombe d’un seul fils, à une femme étrangère en deuil, sans personne et elle-même toute proche de la mort. Nous nous adressons à la nation dont font Partie ce poète, cette femme, ce mort couché dans cette tombe ; nous nous adressons encore à toutes tes nations qui se donnent la main avec cette nation-là à l’heure actuelle, et qui veulent prononcer leur jugement sur notre situation présente, notre avenir et notre existence, et nous leur disons : Stamboul est la mère de notre mère patrie ; ses sultans invincibles, dont les noms feront cités dans l’histoire de l’humanité avec une majesté légendaire, jusqu’à la fin des siècles, ses savants, ses artistes, ses héros qui ont porté le drapeau ottoman sur trois continents du globe terrestre et qui l’ont promené, plein de gloire et