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une politique de conquête. » Eh bien, mais alors ? Si nous faisions là-bas une politique de conquête, devrions-nous raisonnablement nous étonner d’être menacés et même de recevoir quelques petits horions ?… Certes, et Dieu merci, nous ne nous conduisons pas comme les Grecs à Smyrne, parce que nous n’avons pas de tels instincts, mais sont-ce les Turcs qui sont venus débarquer militairement chez nous avec artillerie à l’appui, ou bien nous chez eux ? Et puis est-ce que l’armistice entre la Turquie et l’Entente ne garantissait pas le fameux douzième point de M. Wilson, l’inviolabilité de l’Empire du Khalife, au moins dans ses parties purement turques ? Il me semble que si, pourtant, — et c’est une chose écrite sur laquelle il est difficile de me contredire, et c’est un fait absolu… Alors je ne vois pas très bien qu’il nous appartienne tant que ça de crier à la trahison, quand c’est nous qui, après le traité signé, sommes entrés en armes chez le voisin pour y faire ce que l’on appelle « une politique de conquête ».

» Agréez, je vous prie, monsieur le Directeur, etc. »

Cependant le directeur du Matin dédaigna d’insérer ma lettre et même de répondre par un mot d’excuse. Les Turcs restèrent donc sous le