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» À l’issue de la réunion, le prince héritier qui la présidait, s’adressant au colonel Mongin, agent de liaison entre le général Franchet d’Espérey et le ministère de la guerre ottoman, s’exprima en ces termes : « J’espère, colonel, que vous direz dans votre pays combien la jeunesse turque vibre au nom de la France. »

L’un des discours les plus complètement beaux, comme pensée et comme forme, fut celui de Suleïman Nazif bey, le grand poète de la Turquie, aujourd’hui sous les verrous de l’Angleterre, pour punition de son attachement à la France. Mais les comptes rendus de la séance, ignoblement travestis par des Arméniens ou des Grecs, furent envoyés au Matin qui s’empressa de les publier, avec accompagnement de calomnies de toutes sortes. « Il y a à Stamboul, écrivit le Matin, des meetings extraordinaires ; le dernier, qui eut lieu à l’Université, fut en l’honneur de Pierre Loti. Après de violents réquisitoires contre les chrétiens, un certain Suleïman Nazif bey, prenant la parole, déclara que la nation turque n’avait pas été conduite à la guerre par une minorité, mais que le peuple turc y avait pris part en pleine conscience de sa propre volonté et avec joie. Le tout en présence du prince héritier.