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par la masse ignorante, et accusés des pires choses ; que l’on veuille bien se représenter leur stupeur indignée quand, au lendemain de la signature de l’armistice qui leur accordait la Cilicie sans conteste — c’est là, n’est-ce pas, un fait absolument indéniable — ils ont vu dans cette même Cilicie, qui était en réalité parfaitement tranquille, pénétrer un corps d’occupation français et anglais, traînant de l’artillerie et tout un matériel de conquête ! Et cela coïncidait avec l’invasion de Smyrne par une bande de Grecs massacreurs et incendiaires, arrivés sans crier gare, pour tout mettre à feu et à sang ! Quel est le pays du monde qui aurait supporté cela sans chercher à se défendre avec la dernière violence ? Et pour comble, nos troupes étaient précédées de bandes d’Arméniens qui faisaient rage, déguisés en Français ! Pourquoi donc déguisés en Français ? Est-ce que l’on ne serait pas en droit de voir, dans le choix de ces affublements, une manœuvre de certains de nos alliés poursuivant toujours leur même plan tenace, tant de fois constaté, de changer en haine l’affection des Turcs pour nous et de ravir à notre chère Franco la place prépondérante qu’elle avait mis des siècles à obtenir en Orient ?