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dans les bras de l’Allemagne. Je me rappelle qu’un prince turc auquel on reprochait devant moi cet acte de désespoir, au lieu de récriminer et de rejeter la faute sur nous-mêmes, — ce qui eût été pourtant facile, — se contenta de répondre, les larmes aux yeux, en citant ce vieux proverbe oriental : « Un homme qui se noie se raccroche à tout, même à un serpent. »

Je me suis toujours défié particulièrement des massacres d’Arménie chaque fois qu’ils arrivent à point pour servir la politique vorace des peuples d’Europe acharnés à la curée de la Turquie. À première vue donc, ces soi-disant massacres de Marrach étaient vraiment trop « providentiels » à mon avis, pour être vraisemblables ; les Turcs, à défaut même de tout autre sentiment, ont bien trop de finesse pour s’être livrés à ces exécutions dans un moment si grave où toute l’Europe les observe et les épie avec la plus indéniable malveillance. C’est pourquoi j’ai cherché à m’informer, et voici les renseignements que j’ai obtenus de sources françaises très sérieuses.

D’abord, que l’on veuille bien se mettre un instant à la place de ces pauvres Turcs qui chez nous, quoi qu’ils fassent, sont toujours insultés