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perdue depuis que nous avons souscrit à l’invasion grecque, et nous ne sommes même pas loin de nous y faire haïr ; la preuve en est que les Turcs, qui demandaient à grands cris le protectorat de la France, ne lui ont même plus fait l’honneur de prononcer une seule fois son nom, au congrès récent où les Américains les avaient consultés sur le choix d’une nation protectrice. Voilà donc un premier résultat indéniable, facile à vérifier pour tous, que vient d’acquérir notre nouvelle politique orientale ! J’ajouterai, pour les banquiers et les commerçants, que nous étions là-bas les maîtres incontestés des marchés, et que notre brouille avec la Turquie va nous faire perdre, au dire des spécialistes, une moyenne de deux milliards et demi par an.

Quant à la tendre amitié de son pays, que M. Politis nous promet en termes si touchants, je me permets d’en douter ; elle surprendrait sans doute beaucoup nos officiers, nos fonctionnaires, nos religieux qui ont fréquenté les villes orientales, car tous se plaignent de l’animosité des Grecs, de leur jactance et de leur fourberie.

Je ne crois pas non plus que cette tendresse se soit beaucoup manifestée à Salonique, du temps où nous y vivions côte à côte avec ces