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peuple que vous défendez, parce que vous l’avez compris et apprécié, tandis que la grande majorité de l’Europe intellectuelle ignore ses excellentes qualités.

» Non, les peuples ne sont pas responsables des crimes de leurs gouvernements. Vous êtes un de ces rares grands esprits qui se sont pénétrés de cette incontestable vérité et l’ont défendue contre les arguments théoriques des politiciens à courte vue.

» Il est juste de réduire son adversaire à l’impuissance ; mais il faut s’arrêter là : écraser, n’est pas vaincre.

» Vous, cher Maître, dont la voix est écoutée, ne feriez-vous pas bien d’avertir les hommes d’État que l’Entente, par suite de ses mesures trop dures contre les vaincus, court le danger de voir l’affaiblissement de la sympathie du monde civilisé envers elle, affaiblissement qui, inutile de vous le prédire, aura des conséquences incalculables.

» L’humanité, dupe de ses meneurs vivants ou morts, a trop saigné : il faut que, désormais, la paix règne sur la terre, mais non pas comme dans des cimetières et dans des prisons.

» Un de nos aînés avait divinement dit : » Partout où l’on pleure, mon âme a sa patrie. »