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nous n’avons pu indemniser les habitants de leur bon accueil qu’en recherchant quelques gamins à qui glisser une rémunération.

 » Partout les habitants et les autorités locales ont montré plus que de l’obligeance à nous fournir, à titre gracieux, des chevaux de selle pour des randonnées de parfois une semaine.

» L’impression générale, maintes fois constatée, est que la venue des Français est souhaitée et que notre prestige est grand jusque dans le moindre village. Dans tout centre un peu important, la langue française est répandue, et c’est une stupeur pour les Anglais qui s’efforcent de combattre notre influence par tous les moyens. »

Aujourd’hui, au dire de tous nos envoyés qui ont parcouru leur pays, ces montagnards paisibles sont tellement las de la guerre qu’ils accepteraient le protectorat de n’importe quelle nation européenne, sauf de la Grèce contre laquelle tout le monde quitterait les travaux des champs pour prendre les armes, car la haine justifiée qu’elle inspire est irréductible. Déjà, aux abords de la zone qu’elle a envahie, le pays, si tranquille autre part, vit dans l’exaspération et la terreur ; le pillage, le meurtre sont partout.

Naguère, c’était nous que les Ciliciens auraient surtout désirés comme protecteurs, et dans ce