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toutes nos langues européennes ; ils étaient francs comme l’or, d’une scrupuleuse délicatesse et, bien entendu, n’avaient jamais goûté aux poisons de l’alcool. Oh ! les braves gens ! Comme on se sentait en confiance avec eux ! Ils étaient naïfs, mais jamais ils n’étaient vulgaires. Je me rappelle même qu’ils me communiquaient des lettres que leurs parents leur faisaient écrire par l’écrivain public du village natal, et je m’y intéressais, tant il y avait là dedans de dignité et d’élégance native.

Les mœurs hospitalières de ces Turcs de Cilicie, que leurs pires ennemis, les Arméniens, sont obligés eux-mêmes de reconnaître, voici en quels termes je les trouve constatées dans le rapport officiel du capitaine Robert qui, accompagné du lieutenant Gautherin, fut chargé d’une mission de pénétration dans ce pays, au mois de mai de cette année 1919 :

« Nous avons parcouru près de 600 kilomètres, en dehors de toute voie ferrée, en voiture, à cheval, ou même à pied, et, contrairement à toutes les affirmations, nous avons trouvé, jusque dans les moindres villages, la sécurité la plus complète, des hôtes extrêmement empressés, une hospitalité touchante et toujours gratuite, des guides très sûrs ; même dans les villages les plus pauvres