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l’on ne me regarde même plus passer, quand j’ouvre la porte moi-même, avec la grosse clef que Véronique m’a remise, alors, pour la première fois, j’ai vraiment l’impression que je rentre chez mot, ici, l’impression que ce logis vénéré m’appartient, avec tout ce qu’il renferme encore de souvenirs. Et comme c’est étrange de se trouver tout à coup maître de ces choses, qui ne semblaient presque plus réelles, tant l’éloignement et les années en avaient, si l’on peut dire, dématérialisé l’image !…

Donc, j’ouvre moi-même la porte des aïeules, et, dans la cour, — qui me fait à nouveau son accueil désolé, avec ses tapis de mousse, son herbe funèbre, son air de vétusté et de mort, — j’apercois mon fils, assis entre ses deux amis sur les marches du perron et tenant la gerbe