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temple où s’entendit longtemps la voix de Jésus. Mais, plus probablement, ils viennent de quelque synagogue de l’époque talmudiste, des siècles où la civilisation mosaïque refleurissait, opiniâtre et entière, dans cette petite région isolée. C’est plus à l’Ouest, vers Gennesareth, qu’il faudrait chercher la vraie Capernaüm, car, d’après le témoignage non contestable de l’historien Josèphe, Capernaüm possédait une fontaine jaillissante qui arrosait toute la célèbre plaine et dans laquelle, détail très particulier, vivait un poisson d’une variété rare, le « poisson qui crie » (Clarias Macrocanthus). Or, deux fontaines, là bas, celle de Aïn-et-Tin et celle de Aïn-et-Tabigha où nous allons nous rendre tout à l’heure, répondent au signalement et contiennent encore, paraît-il, le poisson étrange. Mais il n’y a pas de ruines dans leurs parages… Alors cela demeure une énigme, dont les roseaux et les herbages ne donneront pas le mot à jamais perdu. Il est surprenant d’ailleurs que les chrétiens d’autrefois et les pèlerins de notre temps, toujours attirés en masse vers Jérusalem, se soient si peu occupés de cette mystérieuse Capernaüm, de cette « ville de Jésus », où le Christ a passé les trois plus importantes années de son ministère.