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nos voiles, mener à l’aviron la barque lourde. Il fait une amollissante chaleur, sous le ciel sans nuages et au-dessus du morne rayonnement des eaux. Ici, comme dans les parages de la mer Morte, la dépression profonde des niveaux (plus de deux cents mètres au-dessous des mers) amène un climat local d’exception, propre aux poissons et aux plantes des tropiques. Ce lac, qui mesure une vingtaine de kilomètres de long sur neuf ou dix de large, semble se rétrécir d’heure en heure, tant l’air devient limpide après les buées du matin, tant se voient clairement les deux rives. Sur notre droite, du côté oriental, était la ville de ces Géraniens qui prièrent craintivement Jésus de se retirer de leur pays après qu’il eut guéri les démoniaques logés là dans des tombeaux ; plus rien aujourd’hui sur les montagnes de ces bords, que le linceul infini des herbes ; c’est du reste le côté des Bédouins pillards et il faudrait pour y descendre être plus nombreux et armés. En avant de nous, c’est le saint rivage où nous allons, le pays sacré de Capernaüm ; — et rien, là non plus, rien que la continuation du pareil linceul vert. Et sur notre gauche, à l’Occident, c’est la pleine de Gennesareth, qui semble si resserrée entre la mer et les montagnes, si petite pour le nom plein de souvenirs qu’elle porte ; elle