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puis nous dépassent et s’éloignent, tant notre marche est recueillie et lente… Et nous avons devant nous toute cette rive du Nord, que nous irons demain matin visiter avec une barque — cette rive qui fut le pays aimé de Jésus, et où s’aperçoit d’ici la coupée obscure du Jourdain, près du désert de Bethsaïda… Au crépuscule finissant, quand nous revenons à nos logis de toile au pied des grands murs, les juifs et les juives, sortis des ruines de Tibériade dans leurs beaux habits du sabbat pascal sont assis sur l’herbe, groupés autour des tombeaux des vieux rabbins Talmudistes — continuant, au mélancolique soir, la fête du jour, jetant les étranges couleurs de leurs robes comme des taches claires sur cet ensemble déjà assombri. Nous devons, après notre souper sous la tente, retourner dans la ville pour visiter deux prêtres français, les abbés V… et L… que nous avons rencontrés dernièrement à Jérusalem. Ils voyagent en Palestine pour achever de très savantes études d’archéologie chrétienne et ont bien voulu nous promettre de nous accompagner demain dans notre pèlerinage en barque vers la rive sacrée qui s’étend de Capernaüm à Magdala.