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l’eau changée en vin » ; cependant, ce miracle d’une conception si enfantine ne nous semble plus, comme autrefois, de nature à inquiéter la foi des croyants ; au contraire de tels récits, qui çà et là font tache naïve dans l’Écriture, sont comme l’affirmation de l’impuissance où se seraient trouvés les évangélistes à inventer les traits du Christ et la profondeur infinie de son enseignement… Au delà de Cana, le pays. s’élève et les champs d’orge recommencent, les champs monotones et démesurés. Plus le moindre village en vue, plus un arbre et plus un buisson. Cependant le voisinage de l’homme se révèle encore ici par de grands carrés de labour dessinés sur l’étendue verte et y donnant l’impression d’un rapiéçage dans un tapis magnifique. Ensuite, d’insensibles pentes nous mènent dans des régions toujours plus hautes où nous n’avons bientôt plus autour de nous que les libres herbages des champs ; ils recouvrent tout, ces herbages, les montagnes et les lieux bas, et ils ont l’air de n’avoir jamais été foulés par le pied humain ; de tous côtés nous ne voyons maintenant qu’un profond et charmant désert de foins et de fleurs qui semble vierge.