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La lumière du ciel, à mesure que le jour s’avance, va de plus en plus s’adoucissant. Un soleil atténué éclaire les tranquilles montagnes sur lesquelles tant de lins roses et de fleurs jaune pâle tracent à l’infini leurs marbrures de deux teintes exquises, fondues sous le voile roux des graminées. Et il y a un tel recueillement partout, en nous-mêmes comme dans le temple immense de la campagne, que, sur la fin de nos heures d’attente, la petite ritournelle antique des chalumeaux de bergers, toujours intermittente et grêle dans l’air silencieux, arrive à nous sembler une musique religieuse… Quand nos mulets sont enfin passés et ont pris assez d’avance pour que nous espérions trouver en y arrivant nos lentes montées, nous nous décidons à entrer à Nazareth. Et là, c’est d’abord la déception dont nous avions peur. Une petite ville semi-orientale, trop modernisée, où les couvents, les églises ont à peine l’air ancien. Nous y pénétrons par une rue assez large, qui sépare le quartier des latins de celui des musulmans ; sur les murs de quelques maisonnettes, à contrevents bleus ou verts, se lisent des enseignes d’hôtellerie ; une caravane est là arrêtée, et il y a même deux ou trois attelages de touristes, venus par