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conté l’étrange anecdote du temple de Jérusalem, la fuite de ce petit Jésus de douze ans pour aller interroger les docteurs, puis l’inquiétude et les reproches tendres de sa mère, il ajoute, adorablement simple : « Il s’en alla ensuite avec ses parents, et revint à Nazareth ; et il leur était soumis. Or, sa mère conservait dans son cœur toutes ces choses. » (Luc, II, 51, 52.) En esprit, nous voyons maintenant apparaître, se préciser sur ce vieux immuable sol de pierres et de fleurs, un enfant… non plus blond, et rose comme celui dont le moyen âge nous a légué la tradition, mais brun et pâle, ayant les longs yeux noirs de sa race, dans lesquels déjà se mêlent et resplendissent ensemble le grand amour et la grande angoisse… Il différait peu, sans doute, cet enfant qui fut le Christ, de ces petits pâtres, de ces petits garçons solitaires au regard grave, comme on en rencontre dans les champs de Palestine et qui semblent réfléchir à des choses profondes. Presque avec l’inquiétude d’être puérils, ou même d’être profanateurs, nous songeons à ce qu’étaient son aspect, ses humbles petits costumes et ses jeux, ses promenades — et ses haltes ici-même peut-être, au bord du chemin de Jérusalem, sous ces rochers qui nous abritaient tout à l’heure.