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montagne, quand nous nous engageons dans ces coteaux où nous devons trouver Nazareth. Nos chevaux, sortis enfin des terres grasses et mouillées d’Esdrelon où s’enfonçaient leurs pieds, trottent maintenant sur des pentes rocheuses, embaumées de menthes et de toutes sortes d’aromates. Sur ce sol changé, des plantes différentes nous entourent, des plantes nouvelles : de beaux lins roses à corolles très larges et une fleur dont le jaune soufre rappelle la teinte de nos pâles primevères occidentales. — Pendant bien des jours nous allons vivre à présent au milieu de ces fleurs-là, qui étendent sur les tristes champs abandonnés de Gâlil un tapis immense, nuancé à l’infini du même jaune et du même rose… Il y a une demi-heure environ que nos chevaux montent, lorsque Nazareth, encore un peu lointaine, se découvre à nous. Une bourgade mélancolique, étagée à mi-côte et enfermée, presque sans vue, dominée de partout par des hauteurs pierreuses. Des monastères, des églises, des cyprès ; sur les maisons, beaucoup plus de toitures en tuiles rouges que de terrasses arabes, Nazareth, contrairement à Djéninn, étant surtout peuplée de chrétiens. La plaine d’Esdrelon, la mer d’herbages que nous avons laissée au-dessous de nous, pénètre jusqu’ici comme dans