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passées là-haut, sur cette cime ronde qui, aux temps antiques, était couverte de maisons et de forteresses ! Elle a vu de grandes batailles, déjà commencées par Baruk à l’époque de la prophétesse Déborah. Puis, aux premiers siècles chrétiens, elle est devenue un lieu d’adoration, et des églises byzantines s’y sont élevées, quand Eusèbe et saint Jérôme, contrairement au témoignage des Évangiles, l’eurent désignée comme le lieu de la Transfiguration du Christ. Pendant les Croisades, on s’y battit encore : la citadelle, l’église et l’abbaye de Tancrède y furent prises et reprises par les Francs et les Sarrasins, et le grand Saladin en personne y monta par deux fois. — Depuis le XIII e siècle, elle était restée déserte et, de nos jours seulement, des Franciscains de Nazareth y ont construit un petit monastère, parmi tant de ruines amoncelées. Les plantes et les bêtes, c’est encore ce qui change le moins au cours des âges. Ce Thabor est habité par de nombreuses familles de sangliers, nous dit notre guide arabe, et il est surtout rempli de perdrix, de toutes sortes de gibier à plume — absolument comme, il y a bientôt trois mille ans, au siècle du prophète Osée, qui parle « des filets que l’on tendait là pour prendre les oiseaux » (Osée, v. 1). Elle disparaît bientôt à nos yeux, la vénérable