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des nuages comme des parcelles de ouate blanche ; son aspect ne justifie pas les comparaisons du roi psalmiste, ni celles de Jérémie qui, pour exalter la grandeur terrifiante de Nabuchodonosor, dit au peuple d’Israël qu’il apparaîtra « comme le Thabor, entre les montagnes » (Jérémie, XLVI, 18). Il ne dépasse pas les cimes voisines ; cependant, sa forme très spéciale, sa rondeur de sphère est bien pour frapper l’imagination comme une chose inusitée ; des stries rocheuses dessinent sur toute sa surface des hachures obliques et il est moucheté de taches noires — qui doivent être des arbres à feuillage sombre, chênes verts ou térébinthes. Dans son ensemble, il est d’une teinte fine et douce, d’un gris perle très léger et comme vaporeux. A ses pieds, les orges magnifiques, qu’un peu de vent agite et froisse, ont sous le soleil desluisants d’herbes argentées. Et l’Orient s’indique ici par une lente caravane qui défile entre la montagne et nous : grandes bêtes à l’allure calme, au cou longuement tendu, frôlant sans bruit les moissons vertes. Au sommet du Thabor, en regardant bien, nous distinguons, même de si bas et de si loin, des traces de constructions humaines. Tant de choses se sont