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sur cet ossuaire, au milieu de la magnificence des moissons, dans le silence et dans la lumière de midi. Très loin, sur l’une des montagnes à droite de notre route, apparaît le triste hameau de Naïn, reste de cette ville où Jésus ressuscita le fils unique de la veuve (Luc, VII). Et, derrière Naïn, il y a Endoûr, — l’Endor de la Pythonisse et de Saül. C’est étrange, cette persistance des noms bibliques à travers les siècles. Étrange aussi, cette ténacité des hommes à habiter aux mêmes places : presque partout en Palestine, ils continuent obstinément de bâtir des hameaux sur les lieux où, avant le dépeuplement du pays, s’étendaient des villes. Bientôt nous atteindrons le bout de la vaste plaine ; les coteaux pierreux où se cache Nazareth sont tout proches. Une montagne maintenant va passer près de nous, une montagne presque isolée des chaînes voisines et dont la forme nous rappelle quelque chose de déjà remarqué dans des tableaux ou des images : le mont Thabor. L’antique mont Thabor, en cet infime et furtif instant de notre passage, se dresse à nos yeux contre le soleil, dans un clair ciel bleu très pur, où courent