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IV


Vendredi 20 avril.


Quand notre camp s’éveille, au milieu de ses blés et de ses coquelicots, c’est le lever du jour, l’heure du premier appel sonore des muezzins, l’heure de la sortie des bergers. Près de nous, derrière des haies de cactus et des murailles, apparaissent les minarets et les petites coupoles de cette Djéninn, que nous allons quitter sans avoir même pénétré dans ses rues.

Par milliers, des chèvres et des chevreaux sortent de la ville, l’allure lente et en bêlant, si serrés les uns aux autres qu’on dirait un fleuve s’épandant sur la campagne ; dans le flot uniformément noir des bêtes, se dresse de distance en distance la stature longue d’un berger, en robe bleue ou jaune, ou rose, la tête couverte d’un voile que maintient une très large couronne de laine.