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drapeaux verts de Mahomet ; malgré le soleil qui y tombe à flots, malgré les oiseaux qui chantent sur le toit, on y sent, comme au-dessus de toute cette Judée, lourdement planer la mort. Quatre heures de marche pour atteindre Djéninn — (au dire de notre guide, mauvaise et intolérante ville) — près de laquelle nous voulons camper ce soir. C’est d’abord, pendant une heure environ, une promenade à l’ombre, à travers des bois d’oliviers et de figuiers. Puis, un farouche village se présente, flanqué de bastions, au sommet d’une colline rocheuse toute creusée de cavernes et de sépulcres : Sâuour, qui fut peut-être l’antique Béthulie. Et, après ce Sâuour, nous finissons la journée dans un pays sans arbres, dans un monotone désert de foins et de fleurs. Les vallées, les coteaux se succèdent, couverts d’un même tapis d’herbages ; sur le soir, dans les petits sentiers presque effacés où nous cheminons, de hauts chardons violets montent jusqu’au poitrail de nos chevaux ; il nous semble presque nous être trompés de direction, nous être enfoncés dans un pays par trop solitaire et sauvage, quand tout à coup Djéninn se démasque devant nous, sans que rien l’ait annoncé, —