Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/42

Cette page n’a pas encore été corrigée

toute cette colline que jadis recouvrait la ville. Vers l’Ouest, nous éloignant de la partie à peu près habitée, nous suivons, au milieu de champs de blé et de vergers d’oliviers, un chemin de chaque côté duquel apparaissent des colonnes antiques — d’abord couchées dans l’herbe, puis bientôt debout, toujours plus nombreuses, finissant par former une double ligne étrangement solennelle au milieu de la paisible campagne fleurie. Leur base plonge aujourd’hui dans la profondeur du sol, qui s’est exhaussé de plusieurs pieds depuis tantôt deux mille ans qu’elles sont là ; monolithes trop lourds que les indolents envahisseurs n’ont pas pris la peine d’enlever, elles demeurent seules, après l’anéantissement de tout le reste. Elles disent encore la grandeur de Samarie ; elles commandent le respect et le silence ; — et on dirait qu’elles se souviennent d’avoir vu passer le Christ, en ces temps si vieux où elles bordaient une voie droite et magnifique, au milieu d’une ville que nous ne nous représentons pas. Elles sont d’un gris presque noir, tachées de lichen, brisées à différentes hauteurs et découronnées toutes de leurs chapiteaux sculptés. Nous les suivons jusqu’à un amas de ruines et de tronçons renversés, qui dut être jadis quelque « Entrée triomphale » de la Sébastieh Hérodienne. Ailleurs et plus haut, notre guide nous conduit à