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les robes des hommes se colorent avec une diversité infinie. Et, ici, sur les « burnous de Naplouse », ces dessins rouges qui s’ajoutent aux habituelles grandes raies noires et blanches des manteaux syriens, il faut les attribuer sans doute à la présence, dans les champs alentour, de tant de coquelicots et d’anémones. Je ne me rappelle rien de si mélancolique nulle part que l’apparition silencieuse de Samarie, vers midi, au grand soleil morne.Malgré notre habitude déjà acquise de ne rencontrer que des ruines, avec ce nom de Samarie, nous attendions quelque chose ressemblant encore à une ville. Et c’est, là-bas, sur une colline couverte de vieux oliviers et d’épais cactus, un hameau perdu ; au pied d’un pauvre petit minaret blanc, c’est une dizaine de cubes grisâtres, de sauvages maisonnettes arabes, qui semblent tout envahies, toutes mangées par la verdure. Partout alentour, de plus hautes montagnes, couvertes de halliers et de pierres, dominent, surplombent, enferment tristement cette colline où fut Samarie ; il n’y a même pas de route pour mener là ; aucun être vivant n’apparaît aux abords — et le petit minaret blanc qui regarde la campagne ne voit autour de lui qu’un désert de roches et de broussailles. C’est