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jeunes femmes qui gravissent lestement les sentiers, portant au cou un enfant et, sur la tête, en équilibre, un berceau. Dans la région moins élevée où commencent les vergers et les jardins, de bons vieux Turcs à barbe blanche ont improvisé sur le passage, en l’honneur de cette Pâque, d’enfantines petites boutiques garnies de fleurs, et vendent des bonbons, préparent du café ou des narguilés, dans des recoins exquis, près des sources jaillissantes, à l’ombre des oliviers, parmi les buissons de roses roses. Tout à l’heure, le Passé nous inquiétait de son ombre, sur ces cimes muettes où les grandes ruines nous environnaient. Ici maintenant, autour de nous, ce n’est plus que de l’Orient contemporain, de l’Orient naïf, de l’Orient très peuple aussi, qui sourit et qui s’égaie dans une fantaisie de fraîches couleurs, par un matin merveilleux de printemps, au milieu de verdures nouvelles. Au flanc de la montagne, un peu en dehors et au-dessus de la blanche ville de Naplouse, nous passons sans nous arrêter. Nous laissons sur notre gauche la route de Jaffa — la seule vraie route à peu près carrossable qui relie ce pays avec le reste du monde, et nous prenons, dans la solitaire campagne, les sentiers de chèvres qui mènent à Samarie.